Quel avenir pour la WPATH face à l’effondrement du nombre de ses membres ?

Détail de la photo: Pexels de Alexander Grey

L’avenir des soins de santé fondés sur l’affirmation du genre au niveau mondial semble aujourd’hui plutôt incertain. Jusqu’à récemment, la WPATH (World Professional Association for Transgender Health) semblait se comporter comme si elle avait « vu l’avenir et qu’il fonctionnait », pour paraphraser Lincoln Steffens, à son retour d’Union soviétique en 1919. La WPATH a annoncé à grand renfort de trompettes la publication de ses nouvelles normes de soins (version 8) il y a seulement douze mois. Ces normes visent à simplifier et à rationaliser le processus de transition sociale et médicale pour les enfants, les adolescents et les adultes, afin de « mieux aligner leur corps sur leur identité de genre » (Coleman et al, 2022 : S31). La WPATH a également simplement annoncé sa découverte de l’existence d’une nouvelle identité de genre eunuque, qui semblait ne pas nécessiter de justification ou de discussion supplémentaire. Les membres dirigeants de la WPATH ont plaidé activement et avec succès, en particulier devant les tribunaux américains, pour l’adoption de ses normes de soins et des résultats de ses recherches, afin de promouvoir ses parcours de médecine du genre comme le nouveau consensus professionnel.
Il est donc probablement surprenant pour la plupart des observateurs de constater que le nombre de membres individuels de la WPATH semble avoir subi une forte baisse au cours de l’année écoulée (voir : Figure 1 : Membres individuels de la WPATH en 2023-24).

Figure 1 : Membres individuels de la WPATH en 2023-24.
Source: https://www.wpath.org/member/search

Le nombre de membres de la WPATH s’élevait à 4 119 en janvier 2023. Au 4 janvier 2024, ils étaient 1 590. Les États-Unis comptaient 3 104 membres en janvier 2023, contre 1 234 en janvier 2024, c’est-à-dire qu’ils représentent actuellement 78 % des membres de la WPATH dans le monde. Le nombre de membres au Royaume-Uni ne représente que 2 % du nombre total de membres. Mais là aussi, on observe une baisse proportionnelle similaire, passant de 93 membres en janvier 2023 à 34 en janvier 2024 (NB : les chiffres des membres fluctuent quotidiennement sur le portail de recherche des membres : https://www.wpath.org/member/search). Si ces chiffres sont corrects, ils représentent une chute massive du nombre de membres de la WPATH, de l’ordre de 60 % en l’espace d’un an. Il s’agit là d’une évolution importante, dont les causes et la signification restent à éclaircir.

Pourquoi la WPATH est-elle aujourd’hui en retrait ?

Au cours de l’année écoulée, la WPATH a subi un certain nombre de revers majeurs qui ont porté atteinte à son statut professionnel et à sa crédibilité. Le « protocole hollandais », qui justifie la prescription de bloqueurs de la puberté en dehors de toute indication pour retarder le début de la maturation sexuelle naturelle chez les enfants et les adolescents, a fait l’objet d’une critique détaillée et a été jugé inefficace (Biggs, 2022). Une série d’études systématiques réalisées en Europe et dans l’État américain de Floride ont montré que la prescription de bloqueurs de la puberté à ce groupe de patients ne présentait que peu d’avantages et qu’elle pouvait même être préjudiciable. La voix des détransitionneurs, longtemps ignorée et rejetée, a continué à se faire entendre et à insister. La couverture médiatique phare d’une adolescente en cours de transition médicale aux États-Unis (« I am Jazz ») semble avoir perdu son triomphalisme initial et semble maintenant avoir sombré, avec l’émergence d’une dynamique familiale de plus en plus complexe et les problèmes de santé mentale naissants de sa patiente vedette. Le statut inégalé de la WPATH en tant qu’expert juridique a été sommairement rejeté dans une affaire clé entendue par la 6th Circuit Appeal Court aux États-Unis, qui pourrait bien être portée devant la Cour suprême des États-Unis pour une résolution ultérieure (Jenkins, 2023). Au Royaume-Uni, l’Interim Cass Review (2022) s’est prononcé contre le modèle de soins du Tavistock Gender Identity Development Service, dont on peut dire qu’il était étroitement influencé par les normes de soins de la WPATH et qu’il s’y alignait.

Dans l’ensemble, WPATH a peut-être entrevu l’avenir, mais il est clair que les choses ne se déroulent pas comme prévu pour l’instant.

Références

Biggs, M. (2022) The Dutch Protocol for Juvenile Transsexuals: Origins and Evidence, Journal of Sex & Marital Therapy. DOI: 10.1080/0092623X.2022.2121238
https://doi.org/10.1080/0092623X.2022.2121238

Cass Review (2022) Independent review of gender identity services for children and young people: Interim report. https://cass.independent-review.uk/publications/interim-report/

Coleman, E. et al. (2022) Standards of Care for the Health of Transgender and Gender Diverse People, Version 8. International Journal of Transgender Health. 23:sup1, S1-S259. DOI: 10.1080/26895269.2022.2100644 https://www.wpath.org/publications/soc

Jenkins, P. (2023) Suing for medical transition The case against considering WPATH as a competent reasonable body of expert opinion. Genspect. https://genspect.org/suing-over-medical-transition-the-case-against-considering-wpath-as-a-competent-reasonable-body-of-expert-opinion/