Guide à l’intention des parents confrontés au questionnement de genre de leur enfant

Guide à l'intention des parents confrontés au questionnement de genre de leur enfant

LE QUESTIONNEMENT DE GENRE A L’ADOLESCENCE, UN POINT DE VUE PARENTAL

« Je souhaite être appelé Arthur et non plus Florence ». C’est parfois écrit, parfois dit en face, mais la demande reste sidérante. Notre enfant est non binaire, ou notre enfant dit appartenir à un autre genre que son genre de naissance et nous demande de l’accompagner. Nous découvrons que cet accompagnement correspond à une position précise, celle d’une acceptation sans faille, sans remise en question. Une chose nous chiffonne. Ces mots ne sont pas les siens, les expressions sonnent creux, la présentation PowerPoint sans faute d’orthographe ne peut être la sienne. Dans la majorité des cas, nous n’avons décelé aucun signe avant-coureur. Des signes de malaise, il y en avait, majorés pendant le confinement : dépression, déscolarisation, scarification, anorexie, tentative de suicide, hospitalisation… nous avons accompagné, aménagé, consulté, envoyé en vacances, contenu. Nous avons fait ce que nous avons pu, et même au-delà.

Nous nous sommes alors tournés vers notre médecin généraliste, ou un psy de confiance, et avons découvert le principe de l’auto-affirmation. Nous attendions une réponse sensée, soignante, déontologique, nous voilà sommés d’accompagner, parfois confrontés à la menace de suicide si nous émettons des réserves.

Nous découvrons qu’ils sont plusieurs au lycée ou au collège. Certains profs les nomment déjà différemment, ils écrivent leur nouveau prénom en haut de leurs copies sans que personne ne nous ait prévenu.

Nous sommes des parents d’enfants et de jeunes adultes en questionnement de genre, et nous nous sommes rassemblés au sein du collectif Ypomoni. Les pages suivantes sont tirées de nos questionnements et de nos rencontres, de nos discussions. Nous reconnaissons pleinement les droits des personnes trans, nous ne luttons pas contre elles.

La question a tout d’abord été intime et familiale pour nous, elle s’est rapidement révélée sociale et politique. La violence des attaques, les accusations de complotisme et d’appartenance à l’extrême droite se sont abattues sur nous. Notre demande est simple : réfléchir, consulter,
évaluer les risques pour éviter une médicalisation et le recours à des chirurgies qui feront de nos enfants des patients à vie. Nous voyons leur souffrance, nous souffrons également. Mais nous pensons qu’entre 12 et 25 ans il se passe beaucoup de choses, et que si un tatouage ridicule peut être assumé plus tard, la modification de sa voix ou l’ablation de ses seins n’est pas du même registre. Rien de plus. Que des adultes souhaitent avoir accès à ces traitements lourds est pour nous un droit. Que certains de nos enfants y aient recours une fois adultes nous paraît tout à fait envisageable. Mais nous nous nous insurgeons contre la précipitation dans laquelle cela peut se faire.

Nous avons conscience que le débat est un débat de société, qui nous dépasse. Nous refusons que nos enfants soient instrumentalisés.

Cet ouvrage n’est pas écrit par des professionnels mais par des parents. Nous avons cependant mis nos ressources en commun, certains parmi nous ayant des compétences scientifiques ou médicales.