Aux Pays-Bas, le nombre de personnes qui se présentent dans les cliniques spécialisées dans l’étude du genre en ayant des doutes sur leur sexe augmente de façon spectaculaire. Combien d’entre eux se repentiront plus tard d’avoir accepté une intervention chirurgicale ? HP/De Tijd s’est entretenu avec Maarten, qui a entamé une transition à 16 ans pour devenir une femme. Aujourd’hui, il regrette son traitement hormonal et sa chirurgie faciale. L’acceptation de soi n’a jamais été abordée avec moi.
« Passer en transition était la chose la plus stupide que j’aie jamais faite. Il s’est avéré que ce n’était pas du tout la solution à mes problèmes. Ça n’a fait que me faire me sentir plus mal. Avant ma transition, je n’avais jamais sérieusement envisagé le suicide, mais après cela, j’avais vraiment peur de le tenter. Je vivais au quatrième étage, mais heureusement, il existe une ligne de prévention des suicides. »
Maarten (23 ans) est un « détransitionneur ». Il a subi une transition, et est revenu sur sa décision. Il y a sept ans, à 16 ans, on lui a diagnostiqué une dysphorie de genre, un malaise douloureux par rapport au sexe avec lequel on est né. Sous (l’accompagnement ,le suivi ), la supervision des cliniques spécialisées dans les questions de genre de l’UMC Groningen et de la VUmc d’Amsterdam, il s’est engagé sur la voie de la féminisation. Six ans plus tard, il s’est rendu compte que cette transition le rendait plus malheureux que jamais. Il vit à nouveau comme un homme. Avec une croissance des seins due aux hormones féminines qui lui ont été prescrites, et un visage fortement modifié en raison de la chirurgie dite de féminisation du visage, opérations destinées à rendre son visage plus féminin. Même son fonctionnement sexuel n’est plus ce qu’il était.
je dois vraiment être trans, parce que ce sont eux les experts, et sinon ils ne feraient jamais ce diagnostic.
Maarten : « Je suis arrivé dans ces cliniques spécialisées dans les questions de genre alors que j’étais adolescent, avec des problèmes mentaux et une image irréaliste de moi-même », dit-il. « Là, j’ai été confirmé dans l’idée que j’étais trans. Puis je me suis dit : donc je dois vraiment être trans, parce que ce sont eux les experts, et sinon ils ne feraient jamais ce diagnostic. «
Maarten fait partie d’un boom, d’une vague de dysphorie de genre. Depuis 2012 environ, le nombre d’ inscriptions dans des cliniques spécialisées dans le genre a augmenté de façon exponentielle. Aux Pays-Bas, entre 2000 et 2012, on a enregistré une moyenne d’environ 100 demandes par an. En 2013, le nombre a soudainement doublé et à partir de là, la courbe a fortement augmenté. Aujourd’hui, il y a près de 8 000 personnes sur la liste d’attente, dont quelque 2 500 adolescents, dont plus de deux tiers sont des filles. La clinique britannique spécialisée dans les questions de genre pour les jeunes, Tavistock et Portman, a reçu 136 demandes en 2010 ; en 2022, il y en avait 3 600. Aux États-Unis, il y avait deux ou trois cliniques spécialisées dans les questions de genre en l’an 2000 ; il y en a maintenant une soixantaine.
En fait, je me détestais moi-même et je projetais cela sur mon apparence et sur mon sexe.
Maarten fait donc partie des quelque 30 % de jeunes transgenres homme-femme. Même quand il était petit, il avait parfois l’impression que cela aurait été plus logique s’il était né fille. « Mais c’était ambivalent. D’un côté, je jouais avec des voitures et d’autres jouets de garçon, et de l’autre, je voulais avoir les cheveux longs, porter des robes et aimer le maquillage. Je vivais dans un tout petit village. Tout le monde pensait que j’étais gay et c’était vrai, mais ce n’était pas accepté. J’étais souvent harcelé. Même les adultes me traitaient parfois de manière bizarre.
Marian, la mère de Maarten : « Lorsque Maarten m’a dit qu’il pensait être trans, j’ai été totalement surprise. Il n’avait jamais donné de tels signaux dans son enfance. Oui, quand il était petit, il aimait jouer avec mes cheveux et danser avec une jupe parce qu’elle se balançait si bien. Mais oui, beaucoup d’enfants font ça. Cela ne m’a jamais paru exceptionnel. À un moment, il m’a dit qu’il pensait être bi, puis qu’il était gay. Ça ne m’a pas surpris. Cependant, il a eu du mal à accepter son orientation. »
Maarten : « Quand j’avais dix ans, mes parents ont divorcé et cela a été très difficile pour moi. La relation avec mon père était problématique et j’avais peu de contacts avec lui. Ma mère a fait de son mieux, mais elle ne savait pas non plus comment me rejoindre Après un certain temps, elle s’est engagée dans une nouvelle relation. Je me suis sentie exclu et seul. À cette époque, les seuls amis que j’avais ont quitté l’école. Puis j’ai un peu flippé. J’avais 14 ans et je suis devenu dépressif. Je pensais que personne ne m’aimait et que je ne pouvais faire confiance à personne, car tôt ou tard, on m’abandonnerait de toute façon. Je ne sortais plus jamais et j’étais toujours dans ma chamber devant des jeux électroniques.
« Enfant, je ne détestais pas mon corps. Je préférais être une fille, mais je n’étais pas malheureux d’être un garçon. Mais la puberté me faisait peur et je détestais ce qui se passait dans mon corps corps. En fait, je me détestais moi-même et je projetais cela sur mon apparence et sur mon sexe.
« Et puis j’ai vu une émission de télévision dans laquelle un garçon racontait comment il avait fait sa transition et combien il était heureux maintenant. Puis je me suis accroché à l’idée que j’étais aussi trans. Je cherchais une réponse à la raison pour laquelle j’étais malheureux. Et comme j’avais toujours préféré être une fille, je me suis dit : c’est ce que je dois faire, sinon je serai malheureuse pour le reste de ma vie.
« Sur internet, j’ai regardé des chaînes YouTube de personnes transgenres qui racontaient à quel point leur vie était géniale. Il y avait aussi des psychologues américains – du moins c’est ainsi qu’ils s’appelaient – qui proposaient leur aide et affirmaient : si vous doutez de votre genre, vous n’êtes de toute façon pas « cis ». Si vous doutez, vous êtes ‘trans’. » (« Cis » ou « cisgenre » signifie que vous n’avez aucun problème avec le genre avec lequel vous êtes né – ndlr).
L’une des explications du boom des trans est que la société est devenue de plus en plus ouverte d’esprit sur le sexe et le genre, diminuant la crainte d’un “coming out” d’une identité déviante. La question est de savoir si cela explique suffisamment l’explosion des cas de trans. Une chose comme l’acceptation sociale ne change jamais soudainement, et donc pourquoi cet abaissement du seuil se manifesterait-il principalement chez les adolescentes ? Une autre explication est que les études de genre et la théorie queer ont évolué vers une sous-culture et une idéologie, l’idéologie trans, qui s’est répandue sur Internet et exerce un fort attrait sur les adolescents qui manquent d’assurance, s’isolent, entrent dans cette sous-culture en ligne et se laissent contaminer. C’est cool d’être trans, mais le trans n’est pas une maladie ou un état, c’est une identité, une identité « marginalisée », qui doit se battre pour obtenir des droits et une reconnaissance.
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