Le Partage

Publié le 7 mars 2023
par Leor Sapir
Traduction : Nicolas Casaux
Original: Le PartageSuicide et transidentité : mythe et réalité

Traduction d’un fil Twitter de Leor Sapir publié le 1er mars 2023.

Le suicide chez les enfants transidentifiés est extrêmement rare. Au Royaume-Uni, entre 2010 et 2020, 0,03 % des enfants souhaitant une transition médicale se sont suicidés.

On nous dit que les « soins d’affirmation du genre » sauvent des vies, que les enfants qui s’identifient comme trans sont exposés à un risque élevé de suicide s’ils ne reçoivent pas les médicaments et les interventions chirurgicales désirés. Il s’agit de l’argument le plus choc des défenseurs et des promoteurs du transgenrisme. Seulement, comme je l’ai déjà souligné, et comme d’autres l’ont également souligné, cette idée pose problème pour deux raisons majeures :

  1. Elle confond corrélation et causalité. Davantage de preuves suggèrent que les enfants suicidaires s’identifient comme trans — voyant peut-être la transition de genre comme un moyen de résoudre leurs problèmes — plutôt que l’inverse. [Leor Sapir a longuement examiné et commenté toutes les études sur le suicide et la population « transgenre », c’est dans cet article, que je suis en train de traduire].
  2. Le suicide chez les enfants transidentifiés est extrêmement rare. Au Royaume-Uni, entre 2010 et 2020, 0,03 % des enfants souhaitant une transition médicale se sont suicidés. Et nous ne savons pas si c’était « à cause du genre ». (« Suicide d’adolescents transgenres orientés vers une clinique au Royaume-Uni », Archives of Sexual Behavior)

Mais il existe un troisième point dont on ne parle pas assez : l’épidémie de suicides manquante. Partons du principe que le taux élevé de déclaration de transidentités chez les jeunes d’aujourd’hui ne résulte pas d’une contagion sociale, mais plutôt d’un développement organique. Partons du principe, autrement dit, que les « enfants trans » ont toujours existé, au même taux (dans les mêmes proportions) qu’aujourd’hui (mais qu’ils restaient « dans le placard », qu’ils ne laissaient rien savoir).

Cette théorie du « développement organique », c’est ce que les militants trans entendent lorsqu’ils font l’analogie avec le fait d’être gaucher (peu importe que le taux de gaucher ait seulement été multiplié par 3 en 60 ans, tandis que l’identification trans chez les jeunes a été multipliée par 30 à 40 en l’espace d’une seule décennie).

La plus éminente spécialiste finlandaise du domaine de la médecine pédiatrique du genre, Riittakerttu Kaltiala, qualifie le mantra « la transition ou le suicide » de « désinformation délibérée » et sa diffusion d’« irresponsable »

Des sondages ont révélé que le taux de transidentités au sein de la génération Z varie entre 2,1 et 9,1% dans certains endroits. (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34006616/ (9.1%) — https://news.gallup.com/poll/389792/lgbt-identification-ticks-up.aspx (7.1%)https://www.realityslaststand.com/p/breaking-new-documents-reveal-shocking (au moins 6% de transidentité à Davis en Californie))

Disons qu’un dixième de ces enfants présente un risque sérieux de suicide sans prescription d’hormones. Cela signifie qu’entre 0,21 et 0,91 % de tous les adolescents des États-Unis présentaient un risque sérieux de suicide avant la mise en place des « soins d’affirmation du genre » vers 2009. Supposons en outre que dans cette catégorie à risque, 1/4 (soit 1 sur 40 de tous les « enfants trans » entre 2000 et 2007) des individus se soient effectivement suicidés.

Cela nous donne un taux hypothétique de suicide lié au genre, parmi tous les adolescents entre 2000 et 2007, situé quelque part entre 0,0525 % à 0,2275 %. Cependant, selon les données disponibles, le taux réel de suicide chez les adolescents âgés de 15 à 19 ans (principale catégorie de risque pour cette cohorte d’âge) entre 2000 et 2007 était de… 8 sur 100 000, soit 0,008 %. Ce taux de suicide de 0,008 %, c’est entre 6,5 et 28 fois moins de décès que ce que l’on devrait observer si le récit « la transition ou le suicide » était vrai.

Gardez en tête que tout cela, c’est en outre en supposant que chaque suicide d’adolescent entre 2000 et 2007 (0,008 %) était celui d’un « enfant trans » échouant à obtenir des hormones — une hypothèse largement invraisemblable.

Si vous vous demandez pourquoi les activistes ne citent jamais de preuves à l’appui de l’idée selon laquelle il y avait une épidémie de suicides parmi les « enfants trans » avant que les médicaments (bloqueurs de puberté, hormones de synthèse) et les opérations de changement de sexe ne soient disponibles, c’est parce qu’il n’y en a pas.

Voilà pourquoi je parle d’épidémie de suicide manquante. [Son calcul vaut pour les États-Unis, mais son raisonnement vaut sans doute également pour ailleurs. A priori, il n’y avait pas d’épidémie de suicide d’enfants ou de personnes supposément « trans » en général, en France, avant la mise en place de traitements « d’affirmation de genre » dans des cliniques et des hôpitaux. Le taux de mortalité par suicide des 15–24 ans n’a fait que diminuer entre 1979 et 2017, et a continué à ce faire par la suite, me semble-t-il, même si le covid et les confinements semblent avoir légèrement aggravé l’état de la santé mentale d’une partie de la population.]

Mais cela ne signifie pas que, dans les conditions actuelles, les enfants qui s’identifient comme trans ne courent pas un risque (plus) élevé de suicide et de suicidalité. Ils sont effectivement plus à risque. Il s’agit de comprendre pourquoi.

Une explication plus probable, c’est que des activistes adultes ont instillé dans leur esprit un narratif puissant, selon lequel : « Le fait d’être suicidaire est inhérent au fait d’être trans, votre existence même est toujours menacée (d’ailleurs, elle peut même être supprimée par la loi), et le fait de ne pas obtenir les médicaments qu’il vous faut vous poussera à vous suicider. » [Le suicide peut être un acte contagieux. Une prophétie de suicides peut s’avérer autoréalisatrice. Les sociologues qui étudient le sujet admettent en général que les médias peuvent favoriser les suicides en promouvant des histoires de suicide.]

Un article explique ce phénomène plus en profondeur : « Le traitement de la dysphorie de genre chez les jeunes par l’affirmation du genre : un cocktail parfait pour l’effet placebo — Implications pour la recherche et la pratique clinique » (PubMed)

La plus éminente spécialiste finlandaise du domaine de la médecine pédiatrique du genre, Riittakerttu Kaltiala, psychiatre en chef de la clinique pédiatrique de l’université de Tampere, l’une des deux cliniques pédiatriques du genre agréées par le gouvernement, où elle préside aux traitements de transition de genre de jeunes personnes depuis 2011, qualifie le mantra « la transition ou le suicide » de « désinformation délibérée » et sa diffusion d’« irresponsable ». (« La Finlande jette un autre regard sur la médecine du genre chez les jeunes : un entretien récent avec la plus grande spécialiste du genre du pays montre à quel point l’establishment médical américain est déphasé par rapport à ses homologues européens »)

Et voici les directives du CDC expliquant que « le suicide n’est jamais le résultat d’un facteur ou d’un événement unique » et mettant en garde contre « les explications simplistes du suicide » (telles que « les enfants trans se tuent lorsqu’ils ne reçoivent pas d’hormones »).

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