Publié le 19 Décembre 2022
par 50 personnalités
Original: L’EXPRESS – Café Laïque vandalisé : « La merde, l’ultime argument des activistes néo-fascistes trans »
Cinquante universitaires et intellectuels dénoncent la perturbation, avec des excréments, d’une conférence sur le transgenrisme de Céline Masson et Caroline Eliacheff à Bruxelles.
Le 15 décembre, une conférence de Céline Masson et de Caroline Eliacheff au Café Laïque de Bruxelles a d’abord été perturbée, ensuite empêchée par un groupe de jeunes activistes encagoulés, qui ont forcé l’entrée dans la salle, en bousculant les organisatrices.
Nouvelles formes fascisantes, semblent s’installer dans la société contemporaine, sans que les institutions n’y trouvent rien à redire. Ce silence est à interpréter soit comme une cécité à l’égard d’une évolution sociale très inquiétante, soit comme une complicité avec les acteurs de ces manifestations, soit encore comme une soumission aux menaces de violence.
À l’extérieur, les murs du Café Laïque ont été dégradés avec des inscriptions « Café transphobe raciste » et à l’intérieur… à l’intérieur on trouvait l’ultime argument des militants trans : de la merde. Et ce n’est pas une métaphore, des excréments de chats et d’autres animaux ont été projetés à l’intérieur du café. Le jour suivant, les deux co-fondatrices du lieu se sont retrouvées à devoir nettoyer les locaux.
Le Café Laïque, créé par l’anthropologue et spécialiste de l’islam, Florence Bergeaud-Blackler et par Fadila Maaroufi, est un espace de libre parole, non censurée par les médias ou par des institutions diverses, où l’on rencontre des intellectuels, des acteurs médiatiques et associatifs, préoccupés par la montée de l’islamisme et par les dérives des idéologies contemporaines.
Mettons les choses au clair : ce qui s’est passé au Café Laïque à Bruxelles n’est pas une manifestation de la jeunesse en quête de justice sociale, ce n’est pas seulement la énième manifestation de « cancel culture » à laquelle le public universitaire commence à s’habituer, ce ne sont pas non plus des tribulations de jeunes contestataires, embobinés par la propagande plus ou moins grossière de l’agit-prop transactiviste. Non : il s’agit ici de modes opératoires frôlant le fascisme, qui ne se cache plus, et dont le fonctionnement s’inscrit dans l’idéologie fasciste classique. Nous n’utilisons pas ces terme à la légère, comme c’est le cas souvent dans le débat public d’aujourd’hui, quand on veut dire que l’autre, celui qui ne partage pas nos vues, est un salaud. Le fascisme dont nous parlons est un ensemble de doctrines politiques qui rejette le libéralisme et la garantie des droits individuels en ayant recours, pour imposer une conception du monde, à la violence, considérée comme un moyen d’action politique légitime. En outre, ces doctrines veulent former la jeunesse selon leurs principes doctrinaires.
Ces nouvelles formes fascisantes, semblent s’installer dans la société contemporaine, sans que les institutions n’y trouvent rien à redire. Ce silence est à interpréter soit comme une cécité à l’égard d’une évolution sociale très inquiétante, soit comme une complicité avec les acteurs de ces manifestations, soit encore comme une soumission aux menaces de violence.
Fadila Maaroufi, co-fondatrice de ce lieu, a été de nombreuses fois menacée de mort et pas seulement verbalement. Des fascistes islamistes ont essayé de la brûler vive en l’accusant de trahir l’Oumma. Le gouvernement belge n’a pas bougé le petit doigt pour la protéger, les médias belges n’ont pas dit mot. Or, l’on n’est pas ici dans de simples insultes anonymes sur Twitter, mais dans une réalité que certains refusent de voir et de comprendre. En saccageant le Café Laïque, en empêchant Caroline Eliacheff et Céline Masson de parler, alors qu’elles alertent sur les dangers que présente le changement de sexe pour les mineurs et pour les adolescents, les fascisants transactivistes ne font que renforcer par leurs actions celles des fascistes islamistes.
Déshumanisation absolue
La signification du geste est lourde de sens. La merde est le symbole du rabaissement total de l’être humain, c’est un symbole de sa déshumanisation absolue. La langue commune en est la preuve : « être une merde » c’est être en-dessous de ce qu’est l’être humain, c’est sa négation même.
Dans le livre de Ludo van Eck Zo was het in Dachau (C’était à Dachau), l’auteur décrit comment les nazis s’amusaient à obliger les prisonniers à nettoyer les excréments. On utilisait ce moyen aussi dans les prisons communistes pour humilier les prisonniers. Toujours à Bruxelles, en 2006, à Anderlecht, le Mémorial de la déportation des Juifs de Belgique a été profané et des excréments y ont été déposés, comme un signe de ce à quoi les fascistes islamistes voudraient voir les Juifs réduits. À pire que le néant. Dans Salò ou les 120 jours de Sodome, Pier Paolo Pasolini a montré, mieux que personne, la mécanique de la violence, la nature de la barbarie, la réduction de l’être au néant, la chosification de l’être et de l’autre, surtout l’autre qui n’est pas d’accord. L’idéologie transactiviste agressive, militante, maintenant coprophile, qui conteste violemment toute retenue et toute prudence à l’égard des décisions d’intervenir sur le corps des jeunes en pleine construction psychique, est une véritable idéologie totalitaire, qui défend l’expérimentation sur l’humain, et pire, sur l’enfant.
Qu’un adulte, en pleine possession de ses facultés mentales et psychiques, se livre au changement de corps, cela ne concerne que lui, ses proches et les médecins. Mais que les militants transactivistes incitent les enfants et les adolescents à passer à l’acte en se faisant mutiler, et qui plus est, présentent la chose comme un progrès pour l’humanité, c’est là le sceau des systèmes totalitaires qui ont toujours commencé par s’emparer de la jeunesse, pour modeler les consciences sur l’idéologie dominante. Et quand les voix dissonantes se font entendre, cela est insupportable aux idéologues qui n’hésitent pas devant la violence réelle.
Les institutions européennes doivent cesser de se montrer aveugles et lâches, et être plus vigilantes quant au danger représenté par les fascisants encagoulés qui s’organisent sur les réseaux sociaux pour aller casser de l’opposant, et qui ne sont pas sanctionnés pour le vandalisme, l’atteinte à la liberté d’autrui, la tentative de faire taire les adversaires par une violence qui n’est pas seulement symbolique.
Nous exprimons notre solidarité avec le Café Laïque et l’Observatoire la Petite Sirène, nous exprimons notre soutien inconditionnel à Fadila Maaroufi, Florence Bergeaud-Blackler, Caroline Eliacheff et Céline Masson et appelons les États européens à ne pas laisser s’installer la terreur dans nos sociétés. Car si l’État s’avère défaillant dans la protection des libertés individuelles, c’est que le totalitarisme des minorités agressives est déjà là, à la place de la démocratie.
Signataires :
Yana Grinshpun (linguiste), Pierre-André Taguieff (philosophe, historien des idées), Liliane Messika (écrivaine, essayiste), Noémie Halioua (journaliste, essayiste), Daniel Sibony (philosophe, psychanalyste), Georges Bensoussan (historien), Caroline Valentin (avocate, essayiste), Mohamed Luizi (ingénieur, essayiste), Nathalie Heinich (sociologue), Hubert Heckmann (maître de conférences, auteur de « Cancel ! »), Bruno Moysan (musicologue), Jean-Pierre Winter (psychanalyste), Jean Szlamowicz (linguiste, traducteur), Guillaume Pronesti (journaliste), Michel Gad Wolkowicz (psychanalyste), Jean-Eric Schoettl (conseiller d’État honoraire), Monette Vacquin (psychanalyste), Jean-François Braunstein (philosophe), Catherine Kintzler (philosophe), Gérard Rabinovitch (psychanalyste, philosophe), Renée Fregosi (politologue, philosophe), François Rastier (linguiste), Liliane Kandel (sociologue), Céline Pina (essayiste, éditorialiste), Xavier-Laurent Salvador (maître de conférences, co-fondateur de l’observatoire du décolonialisme), Pierre-Henri Tavoillot (philosophe), Albert Doja (anthropologue), Bruno Sire (professeur des universités en sciences de gestion), Frank Muller (professeur émérite), François Vazeille (physicien), Philippe de Lara (maître de conférences honoraire), Jean-Baptiste Chikhi-Boudjea (doctorant en histoire), François Roudot (universitaire), Florent Poupart (psychologue clinicien), Frédérique de la Morena (maître de conférences en droit public), Guylain Chevrier (enseignant et formateur), Joseph Ciccolini (professeur de pharmacologie), Nicolas Weill-Parot (directeur d’études à l’EPHE), Isabelle de Mecquenem (philosophe), Anne-Marie Le Pourhiet (professeur de droit public), Pierre Vermeren (historien), Gilbert Abergel(Comité Laïcité République), Philippe Reynaud (professeur de sciences politiques), Thibaut Tellier (historien), Françoise Nore (linguiste), Leonardo Orlando (politiste), Violaine Géraud (linguiste), Jean-Paul Sermain (professeur émérite), Monique Gosselin-Noat (professeure émérite), Anne-Sophie Nogaret (auteur).