De Nieuwe Wereld – Marlies Dekkers en conversation avec la philosophe Griet Vandermassen

Vues par notre sensibilité sociétale actuelle, toutes les questions de genre et de sexe sont aujourd’hui considérées comme des discours de pouvoir, et les gens veulent les déconstruire. Cela a créé un climat politique dans lequel il faut rejoindre l’idée – qu’être un garçon ou une fille est une construction sociale – et que le sexe biologique n’a pas d’importance. Les gens sentent à juste titre que quelque chose ne va pas. En raison de ce climat idéologique étouffant, et de la peur des campagnes de dénigrement, ou d’être accusé d’être transphobe, on n’ose plus du tout réagir.

Cette situation est née initialement de mouvements de défense des droits civils, comme les mouvements de défense des droits des homosexuels et des droits des femmes, qui ont obtenu de nombreux résultats. Grâce à eux, nous sommes parvenus à une société où nous pouvons parler d’égalité des droits pour les hommes et les femmes, d’égalité pour les personnes homosexuelles. Mais les gens ont commencé à chercher d’autres formes d’injustice, des injustices que l’on ne voit pas, mais que l’on peut voir si l’on porte des lunettes « réveillées »(woke), si l’on est éveillé à l’injustice sociale. Cette démarche peut être constructive, mais elle s’est emballée, jusqu’à une recherche de formes de discrimination et d’injustice structurelles qui n’existent peut-être pas du tout. L’autoritarisme est typique de la pensée des wokes : il n’y a qu’une seule vérité, une seule conviction morale correcte, et quiconque ne s’y rallie pas devient un ennemi. Cela fait du débat ouvert un tabou.

Depuis 2010, on constate une augmentation considérable du nombre d’adolescents, en particulier de filles, qui se présentent dans les cliniques spécialisées dans le genre avec une dysphorie de genre sévère. Les médias sociaux semblent jouer un rôle important à cet égard, avec des influenceurs qui disent à quel point c’est génial de prendre de la testostérone, comment cela vous libère de l’anxiété. Mais le climat social créé joue également un rôle important, en encourageant cette tendance. Ces jeunes qui se disent transgenres luttent généralement contre d’autres problèmes mentaux, tels que la dépression ou l’anxiété. Trente pour cent d’entre eux présentent un certain degré de trouble du spectre autistique, mais d’autres facteurs peuvent aussi jouer un rôle. D’une part, on dit que votre cerveau n’est pas en phase avec votre corps et que le fait de devenir transgenre résoudra vos problèmes, et d’autre part, que vous serez beaucoup mieux accepté socialement, de sorte que, par exemple, vous ne serez plus victime d’intimidation.

Une pensée progressiste bien intentionnée a commencé à affirmer mondialement, sans aucune critique que les jeunes atteints de dysphorie de genre étaient des personnes trans et à les guider ainsi vers une transition médicale. Entretemps, nous savons désormais que de plus en plus d’entre elles le regrettent, mais elles ont subi une transition médicale, pris de la testostérone, se sont fait enlever les seins. Elles en gardent des séquelles permanentes, avec une apparence défigurée pour le reste de leur vie. Il est difficile d’imaginer ce que cela doit signifier pour elles, la prise de conscience qu’elles ont fait une erreur stupide et qu’elles risquent d’être médicalement dépendantes à vie.
Heureusement, certains spécialistes, comme les endocrinologues et les chirurgiens, commencent à reconnaître qu’ils avaient tort, que l’action était prématurée. L’institut Karolinska, en Suède, a cessé d’administrer des bloqueurs de puberté et des hormones aux mineurs, admettant qu’on ne connaît pas les risques à long terme et que les problèmes mentaux doivent être examinés en premier lieu.

Mais comment en est-on arrivé à ce point ? La transsexualité est une identité marginalisée. Dans la pensée woke actuelle, on part du principe qu’il faut accepter l’identité que quelqu’un met en avant, par définition et sans question. Et plus le groupe auquel vous appartenez est marginalisé, plus vous êtes victime, moins il est permis de poser des questions critiques. Et le fait d’être trans est peut-être la chose la plus marginalisée qui existe, et donc il est “totalement impensable” de poser des questions critiques à ce sujet, mais c’est précisément de cette façon que l’on crée d’autres victimes. Et c’est une arme à double tranchant. En acceptant l’identité auto-déclarée et en y répondant, et donc en guidant ces jeunes vers une transition médicale, vous créez des victimes. C’est l’un des excès de la pensée identitaire.

Si vous découvrez après quelques années que vous vous êtes trompé, vous subissez non seulement les conséquences médicales, mais aussi des stigmates. Comment puis-je reconnaître devant mon entourage que j’ai eu tort ? De plus, ces personnes sont alors souvent privées de leur communauté trans, et constatent qu’ils ne peuvent même plus se tourner vers les médecins qui les conseillaient.

Il y a clairement quelque chose qui ne va pas, et pourquoi cela n’est-il pas encore reconnu ? D’une part, il y a la peur idéologique de la droite et la peur sociale d’être considéré comme conservateur. D’autre part, il y a les intérêts financiers et les médias sociaux qui tuent dans l’œuf les voix critiques. Ensemble, ces éléments incitent les gens à rester silencieux.

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