Marguerite Stern (à gauche) et Dora Moutot (à droite). Le Figaro

The New Statesman

Les deux jeunes femmes, auteurs du livre Transmania qui suscite de vives critiques au sein des organisations transactivistes et dans la mouvance antifa, ont été contraintes d’annuler leur prochaine conférence pour des raisons de sécurité.

Face à cet appel explicite au meurtre, Marguerite Stern confie au Figaro avoir ressenti «pour la première fois» le sentiment que «désormais, des gens vont vraiment essayer de nous tuer».

Dora Moutot et Marguerite Stern, deux militantes issues du mouvement féministe et auteurs du livre Transmania qui dénonce l’idéologie transactiviste, ont annoncé ce mercredi 16 octobre porter plainte contre le site «Paris Luttes Info», après que celui-ci a publié un long texte intitulé «Trans ultraviolence» et appelant explicitement à «l’éclatage des têtes» des deux jeunes femmes.

Ce texte appelle clairement à la violence contre Dora Moutot et Marguerite Stern : «Nous ne nous opposons pas aux transphobes et aux fascistes dans le joyeux monde du débat des idées, ni pour s’imposer dans l’espace médiatique : nous nous opposons physiquement et violemment à leur existence tout entière. […] Cela ne pourra se faire que par la force et la violence, et donc par l’éclatage des têtes en question. Dans cette optique, une matraque télescopique semble être un pas dans la bonne direction».

Face à cet appel explicite au meurtre, Marguerite Stern confie au Figaro avoir ressenti «pour la première fois» le sentiment que «désormais, des gens vont vraiment essayer de nous tuer».

Dans ce plaidoyer anonyme signé par «une bande armée de travelos qui voulaient en découdre», le ou les auteurs indiquent appartenir au groupe de militants d’extrême-gauche arrêté à Paris samedi 5 octobre dans le 5e arrondissement de Paris alors qu’ils s’apprêtaient à perturber une séance de dédicaces du livre Transmania. 55 d’entre eux avaient été placés en garde à vue, dont 6 de façon prolongée, et des sources policières avaient indiqué que plusieurs individus étaient armés de matraques téléscopiques et d’un opinel. Le parquet de Paris confirme la découverte d’explosifs en leur possession – en plus des œufs et de la peinture.

Dans une campagne de presse savamment orchestrée par la suite, des médias complaisants avaient relayé la parole des militants interpellés, présentés comme pacifistes par le site Streetpress par exemple. Ces mêmes militants se plaignaient d’agressions «transphobes» dans les commissariats où ils avaient été retenus. Mais le texte publié par «Paris Lutte Info» renie ce pacifisme et confirme qu’une partie au moins des militants antifas et transactivistes était déterminée à l’action violente : «Nous sommes de celles qui sommes venues pour en découdre à l’arme blanche, aux explosifs», peut-on lire.

Plusieurs conférences déjà visées par des violences

«Nous sommes violentes et dangereuses car ce monde est violent et dangereux. Nous sommes violentes et dangereuses car nous vivons la violence de la transphobie, du sexisme, de l’hétérosexualité et du capitalisme au plus profond de nos chairs», clame encore le texte. «Nous sommes de celles qui ont formé un black bloc le 6 mai dernier devant Assas, pour perturber la conférence de Stern et Moutot et en découdre avec leurs copains fachos. Nous sommes de celles qui ont cramé le compteur électrique et fracassé les vitres de l’école de Marion Le Pen, contre la venue de Stern et Moutot en conférence le 19 septembre, et qui n’auraient pas hésité à en découdre avec leurs copains fachos.»

Marguerite Stern a par ailleurs indiqué renoncer à se rendre à une conférence qui devait avoir lieu au Café Laïque de Bruxelles le 22 octobre.

Le texte dénonce donc le «discours victimaire» qui tend à présenter les personnes interpellées comme des militants pacifistes interpellés injustement, et s’en prend même aux journalistes qui ont défendu ce discours : «Vautour parmi les vautours, les poucaves journalistiques de Streetpress (répétées par Mediapart et compagnie) se sont empressées de cueillir les témoignages les plus innocentistes qu’ils ont pu trouver en sortie de GAV. Nous nous sentons évidemment insultées par le ridicule de ce dernier point : appel à l’insurrection il y avait, et il y aura toujours» clame le texte.

Une surveillance et une protection policière accrues

À plusieurs reprises, cette menace a incité des collectivités ou des propriétaires de salles privées à annuler des conférences de Marguerite Stern et Dora Moutot, à Versailles par exemple, ou dans un espace événementiel du 17e arrondissement de Paris. Marguerite Stern a par ailleurs indiqué renoncer à se rendre à une conférence qui devait avoir lieu au Café Laïque de Bruxelles le 22 octobre.

Outre la plainte déposée par leurs avocats, Me Louis Cailliez et Me Lara Fatimi, membres du collectif Justitia de l’Institut Thomas More, les deux jeunes femmes ont également demandé au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau de dissoudre «les groupements de fait Paris-Luttes.info et Assemblée antifasciste Paname». Du côté de la place Beauvau, une protection policière a été promise aux deux jeunes femmes chaque fois que nécessaire en vue de sécuriser un événement promotionnel pour leur livre, et le ministère assure au Figaro «prendre le sujet très au sérieux», même si l’entourage du ministre s’interroge sur la pertinence du moyen requis, à savoir la dissolution des groupuscules. En clair, le ministère ne veut pas prendre le risque de choisir un moyen administratif qui risquerait d’être retoqué par le Conseil d’État, mais évalue de près la menace réelle que représentent ces groupuscules.

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