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Publié le 18 mars 2024
par Paul Sugy , Stéphane Kovacs et Agnès Leclair
Lire l’article complet: Le Figaro – Transidentité des mineurs: le rapport des sénateurs LR qui sonne l’alarme
Les élus dressent un constat alarmant sur la prise en charge médicale des jeunes en questionnement de genre.
La transidentité des mineurs est au cœur d’un «débat scientifique et médical tendu»: c’est sur cet euphémisme que les sénateurs LR abordent, en préambule de leur rapport, l’épineuse question du changement de sexe chez les enfants. Et leurs conclusions sont peu susceptibles d’apaiser la controverse. Fruit d’un travail de près d’un an, cet épais document que publie la sénatrice du Val-d’Oise Jacqueline Eustache-Brinio entend montrer la prégnance d’une idéologie «transaffirmative» chez les professionnels de santé qui accompagnent les adolescents mal à l’aise avec leur puberté et l’affirmation de leur identité sexuée. Les auteurs accusent ensuite les associations transactivistes, relayées par des publications influentes sur les réseaux sociaux, d’accélérer le parcours de ces enfants vers une transition de genre.
Dans plus de 80 % des cas, les enfants souhaitant effectuer une transition de genre sont des jeunes filles.
Dans la foulée du rapport, la droite sénatoriale annonce le dépôt d’une proposition de loi avant l’été pour interdire toute transition médicale en France avant l’âge de 18 ans. Sans attendre les recommandations en cours de rédaction à la Haute Autorité de santé (HAS), le texte veut ainsi empêcher la prescription ou l’administration de bloqueurs de puberté et d’hormones croisées, ainsi que la chirurgie de réassignation sexuelle, aux mineurs pris en charge pour une dysphorie de genre. Le cadre actuel laisse davantage d’autonomie aux médecins.
Les sénateurs LR estiment que le nombre d’enfants qui s’identifient comme trans a explosé en dix ans. Faute de statistiques officielles en France, les auteurs infèrent cette dynamique à partir des études britanniques, suédoises ou américaines: aux États-Unis, le nombre de diagnostics a triplé en cinq ans, pour toucher désormais plus de 40.000 enfants de moins de 17 ans. Chef du service de pédopsychiatrie à la Pitié-Salpêtrière, le Pr David Cohen a indiqué, lors de son audition, recevoir une quarantaine de nouvelles demandes de consultation chaque année. Il existe au moins une dizaine d’unités spécialisées similaires, en milieu hospitalier. 16 % de ses patients mineurs ont moins de 12 ans.
Assistés par la psychologue Céline Masson et la pédopsychiatre Caroline Eliacheff, qui militent pour une approche alternative des troubles du genre chez les enfants, les sénateurs soulignent que la majeure partie des mineurs qui consultent dans des unités spécialisées se voient in fine diagnostiquer une dysphorie de genre, alors même que leur mal-être est plus général et invite à un accompagnement plus large: en termes savants, les professionnels de santé évoquent des «comorbidités». Ainsi le quart des enfants reçus à la Pitié-Salpêtrière pour ces raisons sont des décrocheurs scolaires, 42 % ont été victimes de harcèlement, 61 % ont connu un épisode dépressif. Un sur cinq a même fait une tentative de suicide. Leur prise en charge souffre aussi de l’état de paupérisation de la pédopsychiatrie française, dénoncent les sénateurs.
Surreprésentation des filles
Dans les faits, on constate que la majorité des enfants qui ont pris des bloqueurs de puberté se sont engagés vers une réassignation de genre.
Lors de son audition, le psychiatre et psychanalyste anglais David Bell, auteur en 2018 d’un rapport critique sur la prise en charge des enfants trans dans le système de santé britannique, ajoute qu’un tiers des enfants passés dans sa clinique de Tavistock souffraient même de troubles autistiques. Or selon lui, «l’objectif principal» de la clinique «n’était pas de traiter le malaise psychologique de ces jeunes, mais de les sortir de leur corps». Cet empressement, dénonce-t-il, négligeait plusieurs autres facteurs de mal-être qui auraient dû intéresser davantage le corps médical: des violences intrafamiliales, ou souvent une difficulté à accepter ou exprimer son homosexualité.
Dans plus de 80 % des cas, les enfants souhaitant effectuer une transition de genre sont des jeunes filles: en France, dans des proportions variées, cette surreprésentation des filles se retrouve aussi dans la patientèle des professionnels de santé auditionnés. Des difficultés persistantes à être perçues comme des «garçons manqués» se muent en un besoin d’assignation précipitée», observe le D Catherine Zittoun, pédopsychiatre à Paris.
«Dans les faits, on constate que la majorité des enfants qui ont pris des bloqueurs de puberté se sont engagés vers une réassignation de genre. Est-ce que ces bloqueurs permettent de temporiser la situation pendant quelques années ou favorisent-ils l’entrée dans un processus de réassignation ? C’est la question centrale qui se pose aujourd’hui», résume le pédopsychiatre parisien Jean Chambry, chef de pôle du centre intersectoriel d’accueil pour adolescent (Ciapa). «La difficulté, c’est que nous manquons de recul», admet-il.
Lire l’article complet: Le Figaro – Transidentité des mineurs: le rapport des sénateurs LR qui sonne l’alarme