La Libre Belgique

Publié le 7 mars 2024
Contribution externe
Original: La LibreLa transition de genre mérite une juste information

La transformation présentée comme un traitement pour soigner un mal-être chez les jeunes est une imposture intellectuelle. Or l’emprise de cette idéologie est telle que peu de gens osent la critiquer.

Une carte blanche de Sophie Dechêne (psychiatre infanto-juvénile), Diane Drory (psychologue et psychanalyste), Catherine Jongen (sexothérapeute et thérapeute de couple), Robert Naeije (interniste), Vera Schlusmans (médecin généraliste) et Luc Vandecasteele (médecin généraliste).

Selon le ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, Frank Vandenbroucke, le nombre de jeunes de moins de 18 ans à qui des médecins prescrivent des médicaments appelés “bloqueurs de puberté” est passé de 432 en 2019 à 684 en 2022. “Il s’agit de médicaments qui empêchent le développement des hormones sexuelles et peuvent ainsi contribuer à la transition de genre”, selon l’agence Belga du 25 janvier 2024.

L’idéologie transactiviste fait des ravages dans nos pays occidentaux et parfois au-delà, et ce, de manière de plus en plus marquante.

Tant l’endocrinologue pédiatrique de l’UZ Gent, Martine Cools, que le ministre de la Santé publique, Vandenbroucke, soulignent que cette approche n’est pas prise à la légère. “Nous ne commençons à le faire que lorsque nous avons exploré toutes les autres possibilités”, précise Mme Cools. “Parmi toutes les personnes qui se présentent, 8 % finissent par prendre des bloqueurs de puberté”, peut-on lire encore dans la dépêche reprise par les journaux.

Quelques rappels simples s’imposent afin d’aider les parents confrontés à la problématique particulière concernant le “ressenti” que pourrait avoir leur enfant de ne pas être né dans le bon corps : on naît homme ou femme. Le sexe est déterminé par la biologie.

Protéger contre l’intolérance

Il peut arriver, mais c’est extrêmement rare, qu’une personne acquiert la conviction que son sexe et son genre ne correspondent pas, autrement dit que la perception personnelle et sociale de sa masculinité ou de sa féminité ne corresponde pas à son sexe biologique. Sans possibilité de se réconcilier avec son sexe biologique, cette personne peut alors recourir à des traitements hormonaux et chirurgicaux qui modifient son apparence extérieure. Au prix de nombreux sacrifices, elle devient une personne qui aujourd’hui est appelée “transgenre”, l’homme prend l’aspect d’une femme et inversement. La personne “transgenre” peut susciter de l’incompréhension se manifestant parfois par des moqueries ou de l’agressivité. C’est évidemment inacceptable et, comme tout être humain, elle a droit au respect et à la tolérance.

Le transactivisme, quant à lui, est une idéologie dérivée de cette volonté légitime de protéger les personnes transgenres contre toute forme d’intolérance. En effet, le mouvement défenseur des personnes transgenres a été détourné par la Théorie Critique de la Justice Sociale (ou Wokisme) et s’est transformé en une promotion de la transidentité aux allures souvent dictatoriales. L’idéologie transactiviste fait des ravages dans nos pays occidentaux et parfois au-delà, et ce, de manière de plus en plus marquante. Soutenue par divers médias, associations ou autres youtubeurs, cette propagande s’est frayé un chemin pour atteindre les plus vulnérables, notamment les enfants et les adolescents.

Qu’en est-il, en Belgique, des conséquences de cette contamination ?

Ressenti du moment

Et pendant ce temps, le transactivisme, dont l’apparente bonne intention suffit souvent à convaincre, continue de compromettre sévèrement et sans retour la santé future de ses victimes

D’abord, cela se traduit par la création d’associations officielles qui véhiculent cette idéologie et l’enseignent dans divers environnements, en faisant croire à des enfants et à des adolescents qu’il est possible de changer de sexe en fonction de leur ressenti du moment. Un exemple se retrouve notamment dans le nouveau guide pour l’” éducation à la vie relationnelle affective et sexuelle” voté en Communauté française, qui propose d’apprendre à des enfants dès 5 ans de réfléchir à leur identité de genre au cas où elle ne correspondrait pas au genre qui leur aurait été assigné à la naissance, apparemment de façon aléatoire par la nature. Et dans notre société hypermoderne où l’exception devient la règle, tout est fait pour faciliter les “passages à l’acte”, et ce, sans se poser de questions, surtout pas celle du long terme. Voici donc ce qui se passe après cette absence de questionnement.

Des services médicaux spécialisés proposent à ces jeunes d’acter cette croyance par divers traitements médicamenteux et/ou chirurgicaux. Ces enfants et adolescents, instruits de toutes ces possibilités, en appellent à grands cris de recevoir des traitements hormonaux favorisant l’inversion des manifestations sexuelles extérieures. Plus tard, les uns peuvent supprimer leurs testicules, certaines leurs seins, ou se soumettre à d’autres opérations chirurgicales toutes plus invasives les unes que les autres. Mais soyons clairs, tout cela n’est qu’un leurre car il est impossible de changer de sexe. Celui-ci s’impose dans et par l’ADN. Un jeune peut avoir recours à une médication ou à de la chirurgie esthétique pour que son corps ressemble, de près ou de loin, à un corps du sexe opposé, et cela, au prix de nombreuses mutilations aux conséquences non seulement potentiellement dramatiques mais que son âge ne lui permette en aucun cas d’appréhender.

Quand cette transformation est présentée comme un traitement pour soigner un mal-être chez ces jeunes, cette imposture intellectuelle est d’autant plus mensongère qu’une telle transformation chez les mineurs n’a pas été prouvée comme thérapeutique au long terme, alors que les effets iatrogènes, eux, sont bien présents.

La Belgique persiste et signe

Mutiler de façon irréversible le corps et l’esprit d’enfants et d’adolescents à partir d’un simple ressenti devrait heurter les convictions de tout un chacun. L’esprit critique n’est-il pas au cœur de notre faculté de penser ?

Tandis que de nombreux pays autour de nous semblent réagir, la Belgique persiste et signe. En 2022, L’Angleterre ferme sa clinique pour enfants et adolescents qui se disent trans, la GIDS de la clinique Tavistock, à la suite d’un rapport scientifique mettant en cause les fondements scientifiques et éthiques de ses traitements médicaux lourds et irréversibles. La Suède, la Finlande font un demi-tour similaire, idem dans plusieurs états d’Amérique. Après les professionnels de la santé, c’est au tour des journalistes de tirer la sonnette d’alarme. Sophie Robert, en France, publie Mauvais genre, un documentaire juste et clair sur ce grave problème de société. Les Suédois le décrivent dans un documentaire en trois parties appelé The Trans Train. Et enfin, les Hollandais prennent le relais avec leur documentaire Het Transgender Protocol sorti sur une chaîne hollandaise récemment et dans lequel ils remettent en question ce traitement que l’on dit “transaffirmatif”.

Mais l’emprise de cette idéologie est telle que peu de gens osent la critiquer, ou pas trop fort, ou uniquement dans des cercles privés. Car l’arme des transactivistes est redoutable : au moindre questionnement, à la moindre tentative d’opposition ou même de débat, on sera traité de transphobe et “annulé” sur la place publique médiatique. Et quand cette peur ou cette croyance contaminent l’entourage professionnel d’un “on” qui n’a pas peur, c’est la carrière de ce “on” qui est à risque. Car on se doit d’accompagner ces jeunes de manière dite bienveillante, c’est-à-dire sans les confronter à cette croyance, et encore moins les contredire, et donc en acceptant de les laisser lentement dériver. Et pendant ce temps, le transactivisme, dont l’apparente bonne intention suffit souvent à convaincre, continue de compromettre sévèrement et sans retour la santé future de ses victimes ; tandis que, grâce à un amalgame savant entre homophobie, transphobie et protection des plus vulnérables, elle rallie à sa cause tout individu craignant de faire preuve d’intolérance.

Mutiler de façon irréversible le corps et l’esprit d’enfants et d’adolescents à partir d’un simple ressenti devrait heurter les convictions de tout un chacun. L’esprit critique n’est-il pas au cœur de notre faculté de penser ? Sa dynamique n’exige-t-elle pas de l’information, de la pédagogie et du débat ? Quand celui-ci se fige face à de telles stratégies de mainmise idéologique, notre liberté de penser se retrouve mise en danger. Et dans ce cas, se remettre à penser est devenu une urgence sanitaire pour réellement protéger les enfants.

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