Le Point

Publié le 16 Avril 2023
Original: Le PointPlanning familial : nos impôts, leur intox

Un collectif d’intellectuels et de médecins, dont Élisabeth Badinter et Jean-François Mattei, dénoncent les absurdités scientifiques du Planning.

C’est avec le plus grand sérieux que le Planning familial, organisme d’éducation populaire, nous assène des absurdités scientifiques. D’abord il y a eu cette campagne d’affichage : deux hommes enlacés, le ventre de l’un d’eux présentant une étrange rotondité. Et au-dessus cette légende : « Au Planning, on sait que des hommes aussi peuvent être enceints. » Qu’importe l’impossibilité biologique. Ensuite, il y a eu le lexique trans du Planning familial, « lexique rangé dans l’optique d’un apprentissage progressif ». Petit florilège.

« Sexe : Construit social basé sur des observations moyennes des différences biologiques entre les genres. Il est communément admis scientifiquement que le sexe est un spectre. Peut également désigner l’appareil génital.

Assignation à la naissance : À la naissance, les médecins décident, selon des normes de longueur du pénis/clitoris, si l’individu est un garçon ou une fille.

Changer de sexe : Les caractéristiques sexuelles de personnes, qu’elles soient cis ou trans, ne sont pas binaires et peuvent changer tout au long de leur vie ».

Nous serions heureux de connaître la « science » qui admet que chez l’Homo sapiens le sexe est un spectre. Il y a probablement confusion avec les crépidules ou autres animaux changeant naturellement de sexe au cours de leur vie. Nous serions également heureux de connaître la longueur critique de l’organe sexuel permettant de différencier un garçon d’une fille.

Mâle et femelle, des injures bien connues

Si vous n’avez pas bien compris, après quelques termes en novlangue tels que « Cis-passing, Stealth, Out, Dicklit, Femmis/Ladyck ou Morinom », le Planning nous présente gracieusement une liste de « Termes à ne pas utiliser » parmi lesquels viennent en premier lieu « Mâle/femelle » et « Masculin/féminin ». Des injures bien connues… C’est à partir de ce dogme antiscientifique, quasi-sectaire, de l’intersectionnalité – mot « savant » dont se pare l’idéologie woke – que le Planning se targue « d’éduquer » les enfants de la maternelle au lycée. Pour « Parler Lgbtphobie avec des collégien.nes » ajoutant prudemment « … en la présence d’un.e professionnel.le de l’établissement lors des séances avec l’animateur.rice du Planning familial » et invitant enseignants et élèves à « consulter le lexique trans » susmentionné ! L’écriture inclusive, cette écriture que l’on ne peut pas lire, étant bien sûr de rigueur !

Nos enfants, nos adolescents sont en danger. L’adolescence est un séisme physiologique, morphologique et psychologique. Dans cette période critique, l’adolescent est fragilisé, en proie au doute. Il recherche des appuis auprès de ses pairs mais aussi auprès de sources diverses, malheureusement pas forcément fiables ou bien intentionnées. C’est cette fragilité qu’exploitent les réseaux (si peu) sociaux où les contre-vérités foisonnent. Avec des résultats désastreux.

Le fourvoiement du Planning familial

Il n’est qu’à voir les résultats de la récente enquête Ifop menée pour les Fondations Jean-Jaurès et Reboot. On y apprend, par exemple, que 16 % des jeunes de 11 à 24 ans interrogés croient que la Terre est plate, proportion qui passe à 29 % chez les habitués de TikTok. C’est aussi par ce biais que sont véhiculés les messages outranciers incitant enfants et adolescents à changer de sexe. D’où l’effarante explosion des demandes de transition chez les jeunes, les filles surtout, que les pays occidentaux connaissent depuis quelques années. Certains pays, d’abord libéraux, désormais effrayés par l’ampleur du phénomène, font marche arrière et posent des jalons. La France ne semble pas encore s’émouvoir de ce nouveau scandale sanitaire.

Comment peut-on laisser un organisme tel que le Planning familial se fourvoyer dans une politique qui est à l’opposé de sa vocation originelle ? Où sont les luttes ayant permis la loi Neuwirth et la loi Veil ? Qu’est devenu le Planning qui a aidé de nombreuses jeunes filles et de nombreuses femmes (osons le terme) à accéder à la contraception et à l’avortement ? Depuis 2018 et sa conversion à l’intersectionnalité, ce n’est plus une dérive mais un naufrage. Le Planning est devenu le refuge de militants transactivistes. À ce scandale social s’ajoute un scandale financier. Car le Planning est un organisme financé par l’État et les diverses collectivités à hauteur de 2,8 millions d’euros par an. C’est-à-dire financé par le contribuable. À l’heure où il est nécessaire de contrôler des dépenses publiques surabondantes, il est urgent de conditionner les subventions du Planning familial au respect strict de ses orientations et finalités originelles.

Le Planning familialest l’une des trois associations ayant attaqué l’État en justice pour le contraindre à respecter la loi concernant l’éducation à la sexualité à l’école. Ces associations semblent ignorer que depuis de nombreuses années l’éducation à la santé et à la sexualité est inscrite aux programmes scolaires des différents niveaux. Il apparaît, en revanche, que le Planning familial s’est disqualifié et ne devrait plus être autorisé à intervenir auprès des écoliers, des collégiens et des lycéens. Tout du moins tant que l’organisme ne pourra pas garantir la refonte que nous préconisons, et la scientificité rigoureuse de ses propos, les formations du Planning familial constituent un danger pour la santé publique.

La diffusion subventionnée de telles contre-vérités scientifiques auprès d’adolescents en souffrance, en attente d’aide, est un véritable scandale. Il est urgent que des élus responsables et les ministères concernés se saisissent de ce problème de société. D’où notre cri d’alarme.

Signataires :

Claudio Rubiliani – physiologiste de la reproduction, docteur d’État et ancien inspecteur de l’Éducation nationale

Céline Masson, professeur des universités en psychopathologie clinique

Caroline Eliacheff, pédopsychiatre

Élisabeth Badinter, philosophe

Jean-François Braunstein, professeur émérite de philosophie à la Sorbonne

Nathalie Heinich, sociologue

Xavier-Laurent Salvador, maître de conférences HDR, président du LAIC

Pierre Vermeren, historien et président du conseil scientifique du LAIC

Pierre-André Taguieff, philosophe et politiste, CNRS

Jean Szlamowicz, linguiste et professeur des universités

Claude Habib, professeur émérite de littérature

Marie-jo Bonnet, historienne, féministe, écrivaine

Nicole Athea, gynécologue endocrinologue

Gérard Rabinovitch, philosophe, essayiste

Leonardo Orlando, docteur en science politique

Jean-Pierre Winter, psychanalyste, essayiste

Béatrice Guilbault Finet, enseignant chercheur

Caroline Valentin, avocat

Israël Nisand, professeur émérite de gynécologie obstétrique

François Richard, professeur émérite à l’université Paris Cité, psychanalyste membre formateur de la Société psychanalytique de Paris

Patrick De Neuter, professeur émérite de l’université de Louvain

Marianne Baudin, professeur émérite de psychopathologie

Nicole FARGES, psychologue, psychanalyste

Christian Godin, philosophe

Louise L. Lambrichs, écrivain

Nadia Geerts, militante laïque et auteur belge

Stanislas Korczynski, assistant spécialiste en psychiatrie au CPN Nancy

Catherine Jongen, thérapeute de couple et sexothérapeute

Caroline Calba, professeur agrégé

Robert Naeije, médecin, ancien professeur des universités

Maurice Berger, pédopsychiatre, ex-professeur associé de psychopathologie de l’enfant

Fadila Maaroufi, directrice de l’Observatoire des fondamentalismes à Bruxelles

Hala Oukili, journaliste

Paul Denis, neuropsychiatre, membre de la Société psychanalytique de Paris

Véronique Segonne, psychanalyste, ancienne attachée des hôpitaux de l’AP-HP

Michaël Saada, psychiatre, psychothérapeute

Jean-Marie Lacroix, professeur des universités (microbiologiste)

Monette Vacquin, psychanalyste

Nora Markman, psychanalyste-psychologue clinicienne

Sonia TIMSIT, psychiatre et psychanalyste.

Anne-Laure Boch, neurochirurgien

Beryl Koener, pédopsychiatre, MD PhD

Isabelle Denys, gynécologue médical, praticien hospitalier hôpital de Valenciennes

Michel Bruno, psychologue-psychanalyste

Laurent Le Vaguerèse, psychiatre-psychanalyste

Celine Pina, journaliste

Guillaume Gillet, psychologue clinicien, psychothérapeute

Jacqueline Schaeffer, membre titulaire formateur honoraire de la SPP (Société psychanalytique de Paris)

Fabienne Ankaoua, psychanalyste-dramaturge

Dominique Hof Mouzin, psychanalyste

Jean-Daniel Lalau, PU-PH au CHU d’Amiens (endocrinologie-nutrition)

Marie-Laure Léandri, psychanalyste membre titulaire de la SPP

Annie Sugier, présidente de la Ligue du droit international des femmes

Anne Paulsen, pédiatre endocrinologue

Yana Grinshpun, maître de conférences en sciences du langage

Georges Lecoq, psychologue

Anne Verheggen-Lecoq, psychologue

Houria Abdelouahed, psychanalyste

Geneviève Bourdellon, psychiatre, psychanalyste, membre formateur de la SPP

Assaf Gérard Fitoussi, psychologue médical et psychanalyste

Olivier Halimi, psychologue, psychanalyste. Membre de la Société psychanalytique de Paris

Rhadija Lamrani Tissot, psychanalyste

Caroline Calba, professeur certifié et agrégé d’anglais.

Christian Mosbah, psychiatre, psychanalyste

Monique Lauret, psychiatre, psychanalyste. Membre de la SPF

Anne Santagostini, psychiatre et psychanalyste

Catherine Jongen, thérapeute de couple et sexothérapeute

Sophie Audugé, déléguée générale et porte-parole SOS Éducation

Kérel Proust, psychologue

Michel Tibayrenc, généticien, directeur de recherche émérite institut de recherche pour le développement

Irène Nigolian, psychiatre, psychanalyste

Anna Cognet, psychologue clinicienne

Laetitia Petit MCF-HDR Aix-Marseille université

Dany-Robert Dufour, philosophe

Marie-Pierre Sicard Devillard, psychanalyste – SPF

Frédéric Jongen, philosophe, thérapeute de couples et sexothérapeute

Dominique A. Crestinu, gynécologue

J-Y Chagnon, psychologue et professeur des universités

Joseph Ciccolini, professeur de pharmacocinétique

Patrice Lévy, psychologue clinicien

Jean Marie Brohm, professeur émérite des universités

Brice Couturier, journaliste

Brigitte Letombe, gynécologue médicale

Georges Lecoq, psychologue

Ghada Hatem-Gantzer, praticien hospitalier médecin-chef de la Maison des Femmes

François Roudaut, professeur des universités

Gilbert Abergel, Comité Laïcité République

Mikhaïl Kostylev, journaliste

Emmanuelle Hénin

Renée Fregosi, philosophe et politologue

Gilles J. Guglielmi, professeur de droit public

Pierre-Henri Tavoillot, philosophe

André Tira, professeur de sciences économiques émérite

Michel Fichant, professeur émérite, Sorbonne Université

Albert Dojan, professeur d’anthropologie, université de Lille

Mireille Quivy, universitaire

Michel Messu, sociologue, professeur honoraire des universités

Alain Silvestre, médecin

Catherine Louveau, sociologue, professeure émérite

Guylain Chevrier, formateur et enseignant à l’université. Ancien travailleur social

Frank Muller, professeur des universités émérite

Catherine Louveau, sociologue, professeure émérite

François Vazeille, directeur de recherche émérite

Dominique Triaire, professeur émérite, université de Montpellier

Jean-François Mattei, médecin, anc. ministre de la Santé

Anne-Marie Le Pourhiet, professeur émérite de droit public

François Rastier, linguiste, directeur de recherche, CNRS

Vincent Tournier, maître de conférences de science politique

Michèle Tribalat, démographe

Aurélien Marq, haut fonctionnaire

Jean-Pierre Sakoun, Unité Laïque

Michèle Vianès, présidente de Regards de Femmes

Pascale Belot Fourcade, psychiatre

Sophie Dechêne, psychiatre infanto-juvénile

Luis Fernando Macias Garcia, professeur de sciences sociales et de philosophie

Ypomoni – collectif de parents d’ados en questionnement de genre

Liliane Kandel, sociologue et essayiste féministe

Sylvie Zucca, psychiatre

Didier Sicard, médecin, ancien chef de service de médecine interne

Gilles Falavigna, auteur

Patrick Miller, psychiatre et psychanalyste

Laurent Jolissaint, physicien, PhD

Fabien Ollier, directeur des éditions QS et de la revue Quel Sport ?

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